Crise sanitaire oblige, la commémoration de la Victoire de 1945 s’est tenue en comité restreint le 8 mai dernier, en présence de Madame la Maire Béatrice Delorme et des représentants des associations d’anciens combattants (FADAC et UMAC).
Deux discours ont été prononcés : l’un, par Monsieur Jean-Louis Audinos à la gare ; l’autre, par Madame la Maire devant la stèle des familles et des orphelins au cimetière. Les textes de ces deux discours vous sont présentés sur cette page.
Discours de Monsieur Jean-Louis Audinos
Cette plaque est ici en mémoire de deux cheminots de Saint-Germain tués lors de la Seconde Guerre mondiale et qui, n’étant pas natifs de Saint-Germain-au-Mont-d’Or, ne peuvent pas avoir place sur le monument local.
- Paul Villemot est né à Lyon le 13 février 1910, entré au Chemin de Fer à Saint-Germain en 1937. Mobilisé en 1939, il est mort au champs d’Honneur le 5 juin 1940.
- Raymond Mathieu, né le 8 février 1913 à Herserange en Meurthe-et-Moselle, entré au Chemin de Fer en 1936, est venu à Saint-Germain en 1942. Résistant, il fut arrêté par la Gestapo, déporté dans les camps de la mort et officiellement porté disparu le 10 juillet 1944.
Tant d’autres ont partagé leur sort, qui ont été broyés dans cette noire période. Ils étaient de simples civils, des citoyens embarqués dans la tourmente, arrachés par la guerre à leurs occupations paisibles. Ils ont tout laissé : travail, amis, famille, pour lutter contre l’envahisseur, pour défendre la patrie, leur liberté, NOTRE liberté. Nous leur devons un grand respect et toute notre gratitude.
Mais nous pensons aussi à tous ceux qui sont revenus de cet enfer : les blessés, les mutilés, les prisonniers, les veuves et les orphelins. Tous, combattants et civils, sont sortis de la guerre profondément traumatisés ; c’étaient nos parents, nos grands-parents.
Ces commémorations ne sont pas dictées seulement par notre devoir de mémoire et de gratitude envers nos aînés. Elles sont aussi un rappel à la vigilance. De tous temps la guerre a collé à l’humanité comme une maladie génétique. Comme pour les séismes, il ne s’agit pas de savoir SI elle réapparaîtra mais QUAND. Les actualités en portent souvent le sinistre avertissement.
Nous avons ici une pensée reconnaissante pour nos soldats qui combattent actuellement dans les OPEX ( Opérations Extérieures) pour aider nos alliés des pays durement touchés par le fanatisme et pour s’efforcer de contenir le terrorisme avant qu’il ne prenne pied sur notre sol et nous éviter ainsi des attentats bien plus sévères que ceux que nous connaissons malgré la vigilance et le travail de toutes nos forces de l’Intérieur, Police, Armée, Gendarmerie.
Discours de Madame la Maire, Béatrice Delorme
Nous nous retrouvons aujourd’hui ensemble, pour puiser dans notre passé ce qui peut nous servir à l’avenir. En effet, commémorer, c’est faire appel à notre conscience et partager une histoire commune, faire corps et concourir modestement à travers ce temps de partage à former un peuple éduqué et éclairé.
J’aimerais que l’on se rappelle aujourd’hui la lutte contre les pires idéologies fascistes, et que cette lutte ne doit jamais être considérée comme acquise. Qu’on se rappelle que la paix unit et libère les peuples mais que l’insurrection et la révolte en sont parfois un préalable, bien que très dangereux et effrayant.
Avant de parler de la Seconde Guerre mondiale, on peut se rappeler aussi que c’est cette insurrection du peuple, la Commune de Paris, dont on célèbre parait-il les 150 ans, cette mobilisation de milliers d’hommes et de femmes, des gardes républicains et des citoyens, qui a permis de faire vivre une expérience, certes courte et bien souvent oubliée, d’une démocratie nouvelle. En son cœur, on trouvait aussi la création de dispositifs de solidarité envers les plus démunis et, enfin, une réelle volonté d’émancipation des femmes. Ces 72 jours de la Commune, qui eux-mêmes avaient été précédés par les Révoltes des canuts, ont aussi été un des points d’appui pour imaginer un système social émancipateur et protecteur.
Aujourd’hui c’est nous qui bénéficions des fruits de ce modèle de l’État providence, porté largement par les réalisations majeures du Conseil National de la Résistance. Ils concourent toujours à garantir la stabilité de notre pays dans les temps particulièrement difficiles que nous traversons.
Faut-il le rappeler ? L’affirmation forte à l’époque de la nécessaire prégnance de l’État dans les affaires économiques pour relever notre pays, avec des nationalisations, mais aussi la création d’un système de protection sociale, sont aujourd’hui facteur essentiel de notre stabilité. Je ne reviendrai pas sur le contexte de santé que nous traversons et ses poncifs, mais cet héritage du CNR est pourtant essentiel dans notre société, qu’il s’agisse de notre système de santé tout comme de l’universalité des droits retraite ou chômage, pourtant bien trop fréquemment remis en question.
À chaque commémoration c’est avec émotion et gratitude que je me retrouve ici, face à vous anciens combattants, qui vous êtes mobilisés pour défendre une idée de notre pays.
Même peu nombreux, contexte sanitaire oblige, nous nous retrouvons à vos côtés pour nous rappeler qu’il n’y a rien d’acquis, jamais, et qu’il nous faut garder l’esprit ouvert, les coudes serrés, ne pas renoncer pour construire ensemble un avenir toujours meilleur.